De quoi s’agit-il ?

IHR2019_openness-16-9

Internet possède un pouvoir de transformation parce qu’il est ouvert : chacun peut participer et innover. Toutefois, cette ouverture n’est pas garantie, elle fait constamment l’objet d’attaques.

L’ouverture constitue un pilier fondamental d’Internet. Le monde numérique d’aujourd’hui existe parce que les individus ne nécessitent pas d’autorisation pour créer pour et sur le Web. 

Pourtant, en 2019, l’ouverture d’Internet s’avère plus radicale – et plus menacée – que jamais.

Les gouvernements du monde entier continuent de restreindre l’accès à Internet de multiples façons :  censure pure et simple, obligation de payer des taxes pour utiliser les médias sociaux, blocage ou ralentissement d’Internet pour museler les voix dissidentes. De puissants lobbyistes gagnent des batailles en faveur de régimes de droit d’auteur plus restrictifs et les grandes plateformes technologiques nous enferment dans des systèmes propriétaires.

Toutefois, le Web ouvert fait preuve de résilience.

Les bénévoles de la communauté Wikidata de Wikimedia ont créé une structure de données qui permet à des individus et des machines de lire et de modifier le contenu. Les partisans des données ouvertes réclament plus de transparence pour comprendre comment les entreprises créent nos profils numériques et l’utilisation de ces données.

Une tension entre ouverture et inclusion persiste. Malgré les nombreuses mesures prises, les propos haineux et le harcèlement sur les plateformes en ligne demeurent des problèmes urgents et graves.

En Allemagne, un an après sa mise en œuvre, la nouvelle loi pour lutter contre les propos haineux ne semble ni particulièrement efficace pour résoudre les problèmes qu’elle ciblait, ni aussi restrictive que beaucoup le craignaient.

Pourtant, le manque de preuves solides n’empêche pas l’adoption de règlements semblables ailleurs. L’Union européenne débat actuellement de nouvelles règles qui obligeraient les entreprises de toutes tailles à éliminer le « contenu terroriste » dans un délai d’une heure, sous peine de sanctions sévères.

Les opposants avertissent que la loi risque de porter atteinte aux droits fondamentaux des personnes et d’étouffer la concurrence en fixant des normes que seules les plus grandes société peuvent respecter.

L’intensification des discussions sur l’intelligence artificielle et la prise de décision automatisée introduit également de nouvelles perspectives dans ce débat.

De nouveaux outils d’intelligence artificielle conviviaux ont facilité la création d’hypertrucages : des contenus qui montrent une personne exprimant des propos qu’elle n’a jamais prononcés ou effectuant des gestes qu’elle n’a jamais réalisés. Ce type d’évolution soulève une question cruciale : comment atténuer les risques de préjudices réels que pourrait causer la mauvaise utilisation d’une technologie, en particulier pour les groupes vulnérables, sans sacrifier les avantages que nous offre un Internet ouvert ?

Parfois, la meilleure approche consiste peut-être à ne jamais la diffuser.

OpenAI a récemment développé un modèle qui rédige du texte automatiquement et les résultats se sont avérés si convaincants que l’organisme s’est inquiété d’une possible utilisation malveillante. Pour éviter les risques, il a décidé de publier une version limitée du code de l’outil. Cette résolution a suscité des critiques. Certains considèrent la décision « contraire à l’ouverture », tandis que d’autres ont applaudi un nouveau « seuil franchi pour l’éthique ».

Relever le défi de maintenir un Internet ouvert, tout en construisant un monde numérique inclusif, reste une tâche essentielle pour les entreprises, les technologues, les décideurs politiques et les citoyens.

Et cela est d’autant plus vrai qu’une nouvelle dimension apparaît, centrée sur une question urgente : comment décider quelles technologies construire et utiliser ?

 

Quels éléments vous importent à ce sujet ?

Be the first to add your voice! There are no comments yet.