En 2017, le monde a connu au moins 104 blocages d’accès Internet dans 20 pays, certains d’une durée de quelques heures, d’autres de quelques mois, selon l’équipe #KeepItOn d’Access Now qui traque les informations à ce sujet dans le monde entier. Les justifications avancées pour expliquer ces coupures varient, mais un nombre croissant de preuves indique que l’accès à Internet sert d’outil de contrôle et de domination aux autorités de différents pays, par exemple pour faire taire les voix de l’opposition lors de manifestations ou d’élections.

Les cas comptabilisés l’année dernière ciblaient plus souvent les populations locales ou régionales que nationales, ce qui complique la tâche des groupes de la société civile qui luttent pour maintenir un Internet ouvert et tentent de surveiller et de documenter ces événements. Access Now souligne qu’il pourrait s’agir d’une tendance, mais qu’il est difficile de le dire avec certitude. Nous entendons moins d’informations à ce sujet dans les médias, même dans les pays concernés. L’Inde, à elle seule, a autorisé des dizaines de coupures concentrées dans le nord du pays, loin des centres urbains de Bangalore ou de Bombay où de tels blocages ne passeraient jamais inaperçus.

Les coupures maintenues depuis l’année précédente ne sont comptabilisées qu’une fois et ne sont pas comprises dans les chiffres ci-dessous : c’est le cas, notamment, du Pakistan, qui a mis hors ligne des millions de personnes dans une région tribale semi-autonome depuis 2016 ou le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun, qui est resté sans connexion Internet pendant de longues périodes.

Signalements de coupures d’Internet à l’échelle locale, régionale et nationale dans le monde

 

Source des données : #KeepItOn, Access Now, 2017

Se retrouver sans connexion Internet constitue une situation extrêmement déstabilisante pour les étudiants, les familles et la vie professionnelle. Cela peut devenir traumatisant, voire mortel en période de conflit ou d’attaques terroristes. Les coupures entraînent de graves répercussions sur la sécurité, la liberté d’expression et le réseau lui-même.

La grande majorité des cas enregistrés l’année dernière ont eu lieu en Asie et en Afrique, et s’accompagnaient de justifications qui vont de l’action « réactive » en réponse à des conflits ou à une activité politique à l’action « préventive » pour stopper une activité indésirable.

L’année dernière, près de 7 % des coupures ont été attribuées à la prévention contre la fraude aux examens scolaires, alors que seulement un peu plus d’un quart des justifications officielles entraient dans la catégorie générale de « sécurité publique ». Sur une note plutôt positive, le nombre de coupures sans justification a diminué.

Parfois, seules les connexions mobiles sont concernées, mais celles-ci représentent souvent le seul accès Internet largement disponible.

Ces blocages sont malsains pour Internet. Nous avons besoin de plus de garanties juridiques pour nous en protéger, à l’échelle nationale et internationale. Avec plus d’études et de collecte de preuves pour déterminer le nombre de coupures et leurs raisons, nous pourrons définir de meilleures tactiques et technologies pour y mettre un terme pour de bon.

Justifications officielles pour les coupures d’Internet dans le monde

 

Source des données : #KeepItOn, Access Now, 2017